28 mai 2005
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Lors d'un temps mort pendant la surveillance de mon dernier DS, je me suis mis à m'interroger sur les ambitions de mes élèves. L'école leur permet-elle d'avoir des ambitions malgré leur jeune âge ou subissent-ils seulement leur scolarité ? J'ai donc scruté les petites têtes penchées sur leur copie et fait appel à quelques uns de mes souvenirs de cette année scolaire en espérant avoir quelques éléments de réponse.
Il est clair que pour la plupart le but premier est de jouer les cigales toute leur vie, comme pour cet élève que j'ai surpris avachi sur son sujet en train de griffonner je ne sais quoi. C'est ce même élève qui en début d'année m'avait interpelé pour me dire que plus tard il serait prof comme moi. "Oui monsieur, c'est bien d'être prof on a beaucoup de vacances et on fait pas beaucoup d'heures par semaine !" Là je lui avais expliqué gentiment qu'être prof c'était aussi préparer des cours, corriger des copies, assister aux conseils de classes et à des réunions diverses. Sur quoi il m'avait répondu : "Ah oui ? Finalement je trouve que je suis bien là le derrière assis sur ma chaise à vous écouter !" Oui en effet beaucoup d'élèves sont de purs partisans du mondre effort. En début de semaine, lorsque je donnais les devoirs pour la prochaine fois une élève a soupiré à l'annonce du premier exercice, et, à l'annonce du deuxième, a lancé sans complexe : "Oh là là ! Monsieur ! Non ! Je suis flemmarde moi !!!" Sans commentaire... Dans le même genre, un élève m'a demandé un jour si je ne voulais pas copier le cours à sa place.
Tant que cette flemme n'est ni contagieuse ni néfaste pour la communauté, on ferme de temps en temps un peu les yeux pour avancer le cours. Mais les élèves profitent parfois de ces temps de flanerie pour taquiner leurs camarades ou mieux pour jouer au plus con avec le prof. Combien de personnes ai-je prises cette années à écrire des mots à leur amoureux(se) sans que l'on ne me dise "Ah non monsieur je n'écris pas de mots !" le stylo dans une main et le bout de papier dans l'autre ? Je ne compte plus mais c'est toujours un régal de lire tout ça à voix haute devant tout le monde. Certains élèves font preuve d'originalité dans ces moments : un élève a un jour avalé le mot qu'il écrivait pour que je ne puisse pas le lire. Ce doit être ce que l'on appelle l'instinct de survie.
Pour en revenir à la surveillance de mon DS, je me suis rendu compte ce jour-là que les élèves sur lesquels je savais le moins de choses étaient les meilleurs élèves. Comme cette élève assise là au premier rang, déjà brillante et avec une certaine détermination dans le regard. Je l'ai observée deux minutes, elle était là toute petite avec un t-shirt sur lequel j'ai aperçu un joli ours en peluche, le petit détail qui renforce le côté petite fille adorable. Ce que je n'avais pas remarqué d'amblée c'était le couvre-chef du nounours : un joli chapeau de diplômé, mais aussi l'inscription que cachait le bras de l'élève : C... Ca... Cam... Ah d'accord ! Cambridge ! Rien que ça. Est-elle visonnaire ou encore sous l'influence de la sphère parentale ? Je ne le saurai probablement jamais. Mais j'ai ainsi vu la différence qu'il pouvait y avoir entre les élèves qui ne savent pas ce qu'ils feront demain et ceux qui ont déjà une idée (imposée ou non) de leur vie dans dix ou quinze ans.
Il est clair que pour la plupart le but premier est de jouer les cigales toute leur vie, comme pour cet élève que j'ai surpris avachi sur son sujet en train de griffonner je ne sais quoi. C'est ce même élève qui en début d'année m'avait interpelé pour me dire que plus tard il serait prof comme moi. "Oui monsieur, c'est bien d'être prof on a beaucoup de vacances et on fait pas beaucoup d'heures par semaine !" Là je lui avais expliqué gentiment qu'être prof c'était aussi préparer des cours, corriger des copies, assister aux conseils de classes et à des réunions diverses. Sur quoi il m'avait répondu : "Ah oui ? Finalement je trouve que je suis bien là le derrière assis sur ma chaise à vous écouter !" Oui en effet beaucoup d'élèves sont de purs partisans du mondre effort. En début de semaine, lorsque je donnais les devoirs pour la prochaine fois une élève a soupiré à l'annonce du premier exercice, et, à l'annonce du deuxième, a lancé sans complexe : "Oh là là ! Monsieur ! Non ! Je suis flemmarde moi !!!" Sans commentaire... Dans le même genre, un élève m'a demandé un jour si je ne voulais pas copier le cours à sa place.
Tant que cette flemme n'est ni contagieuse ni néfaste pour la communauté, on ferme de temps en temps un peu les yeux pour avancer le cours. Mais les élèves profitent parfois de ces temps de flanerie pour taquiner leurs camarades ou mieux pour jouer au plus con avec le prof. Combien de personnes ai-je prises cette années à écrire des mots à leur amoureux(se) sans que l'on ne me dise "Ah non monsieur je n'écris pas de mots !" le stylo dans une main et le bout de papier dans l'autre ? Je ne compte plus mais c'est toujours un régal de lire tout ça à voix haute devant tout le monde. Certains élèves font preuve d'originalité dans ces moments : un élève a un jour avalé le mot qu'il écrivait pour que je ne puisse pas le lire. Ce doit être ce que l'on appelle l'instinct de survie.
Pour en revenir à la surveillance de mon DS, je me suis rendu compte ce jour-là que les élèves sur lesquels je savais le moins de choses étaient les meilleurs élèves. Comme cette élève assise là au premier rang, déjà brillante et avec une certaine détermination dans le regard. Je l'ai observée deux minutes, elle était là toute petite avec un t-shirt sur lequel j'ai aperçu un joli ours en peluche, le petit détail qui renforce le côté petite fille adorable. Ce que je n'avais pas remarqué d'amblée c'était le couvre-chef du nounours : un joli chapeau de diplômé, mais aussi l'inscription que cachait le bras de l'élève : C... Ca... Cam... Ah d'accord ! Cambridge ! Rien que ça. Est-elle visonnaire ou encore sous l'influence de la sphère parentale ? Je ne le saurai probablement jamais. Mais j'ai ainsi vu la différence qu'il pouvait y avoir entre les élèves qui ne savent pas ce qu'ils feront demain et ceux qui ont déjà une idée (imposée ou non) de leur vie dans dix ou quinze ans.