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17 octobre 2008 5 17 /10 /octobre /2008 23:06

Chronique d'un prof n° 39 : De nouveaux élèves

     Cette année j'ai trois classes sous ma responsabilité, une classe de Seconde, une première S et une première ES, ce qui représente en tout 85 ados victimes de mes élucubrations géométriques et algébriques. Cela se passe plutôt bien avec quelques couacs ponctuels cependant. Mais les monstres de seconde de l'an passé  et les bimbos de STG sont désormais très loin. Je suis récemment retourné dans mon ancien lycée avec d'autres collègues ayant également obtenu un nouveau poste pour fêter notre départ et passer le bonjour aux anciens collègues. J'y ai appris que mes anciens élèves de BTS me reprochaient  gentiment mais ouvertement de les avoir abandonnés ; ce n'est pas tout à fait exact mais ce n'est pas si loin que cela de la vérité. Quoiqu'il en soit, me voilà face à un nouveau public.

    Commençons par les première ES. Ce sont les moins nombreux mais proportionnellement à la quantité ce sont eux qui font le plus parler d'eux. L'ambiance de classe n'a pas été des plus formidables dans tous les cours jusqu'à présent : le travail n'était pas fait, ils se mettaient d'accord pour arriver tous en retard (sauf deux filles ultra-sérieuses toujours ponctuelles), et les bavardages parasitaient les cours. Depuis, grâce à une action cohérente de l'équipe pédagogique la situation s'est améliorée. J'ai toujours l'impression de faire cours à une forêt : un léger bruit de feuilles quand on souffle sur les branches mais aucune réaction quand on leur pose une question. Mais l'ambiance est plus studieuse. Cela ne les empêche pas de faire quelques bourdes, j'ai par exemple appris grâce à eux qu'il y avait moins de 120 habitants de plus 75 ans en Région Rhône-Alpes, du moins c'est qui m'a été rapporté dans une copie. C'est sans doute la canicule ! En tout cas ce sera pratique pour les retraites ! Plus aucun problème de financement. J'ai appris par une collègue qu'un des élèves avait essayé, en classe de seconde, de trouver la mer sur une carte de Lyon ! C'est sûrement la faute à ces inscriptions qu'on trouve sur les berges du Rhône et qui indique les directions de la source du Rhône et de la mer.

     Pour les première S, c'est un peu moins drôle ! Le réveil a été difficile pour eux : le niveau de seconde est devenu tellement bas que le clash de la première S est presque aussi dur que le passage en classe prépa. Quand j'ai rendu le premier devoir surveillé j'ai presque culpabilisé de mettre d'aussi mauvaises notes. Mais face à des raisonnements totalement anarchiques, des calculs bourrés d'erreur et des pages pleines de ratures, que pouvais-je faire ? J'ai simplement cherché à être honnête avec eux, après tout c'est aussi les respecter que de leur faire comprendre qu'il reste encore du chemin à faire pour atteindre un niveau correct. Je me méfie de certains cependant : je soupçonne l'un d'entre eux de falsifier ses copies une fois corrigées (il a désormais droit à un scan systématique de toutes ses copies avant que je la rende).

    Quant aux élèves de seconde, ils sont assez attachants. Ils ont certes un niveau qui ne me paraît pas extraordinaire mais ils ont le mérite d'être sympathiques. Quand on a discuté de la situation de la classe avec l'équipe pédagogique, la prof principale a pointé, sur le trombinoscope de la classe, une élève ressemblant à Reese Witherspoon dans La revanche d'une blonde, et nous a confié en souriant : "finalement quand je vois cette élève j'ai envie de dire qu'elle est un portrait de la classe entière à elle toute seule". Le pire c'est qu'elle n'a pas tort. Et ils sont tellement mignons tous, qu'on croirait presque les mensonges qu'ils nous racontent : "M'sieur, vous allez rire, mardi j'avais oublié mon DM parce que j'étais chez ma soeur, et aujourd'hui je peux pas vous le rendre parce que ma mère l'a pris pour un brouillon et l'a jeté à la poubelle". Si c'est le cas il devait vraiment pas être beau son devoir !
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12 septembre 2008 5 12 /09 /septembre /2008 21:29

Chronique d'un prof n°38 : Une rentrée un peu spéciale !

     Après une dizaine de jours dans mon nouvel établissement je trouve enfin le temps de poster un petit message pour dire que j'ai survécu à ma mutation. Tout s'est bien passé, je commence à prendre mes marques petit à petit. Pourtant le début n'a pas été des plus ordinaires. L'accueil fut spécial : emploi du temps et programmes de la pré-rentrée envoyés par courrier et reçus le samedi 30 août alors que la pré-rentrée avait lieu le premier septembre. En plus d'être une surprise, l'emploi du temps en était une mauvaise car aucun de mes souhaits formulés dans ma fiche de voeux n'avait été respecté. Mais les surprises ne s'arrêtent pas là, cela fait drôle d'être nommé dans un établissement où le proviseur adjoint est lui-même nommé le matin même à peine une heure avant la réunion de pré-rentrée. J'ai particulièrement aimé le discours de pré-rentrée de la direction qui commentait la diversité socio-culturelle du lycée : "Nous ne sommes certes pas le Lycée du P..." (fameux lycée du centre de Lyon réputé pour ses prépas et sa clientèle aisée) "... Mais nous ne sommes pas non plus le Lycée JB" (celui-là il est bien moins réputé pour ses classes aisées et il se trouve que c'est mon ancien établissement). J'ai apprécié cet accueil un peu particulier en ayant une pensée pour mes anciens collègues de JB.

     Après la découverte des collègues et des locaux, passons à la découverte des élèves. Je m'attendais à souffrir un peu avec les secondes mais il s'avèrent finalement plutôt scolaires et assez disciplinés. J'ai eu peur avec les 1ère ES qui me sont apparus les 3 ou 4 premiers cours comme des larves, mais depuis cela va beaucoup mieux. Par contre la mauvaise surprise ce sont les 1ère S : le niveau est plutôt mauvais, quelques petits rigolos se sont déjà manifestés et ils ne font pas leur travail... Peut-être que je devrais leur rappeler le chiffre clé pour eux : 7 (le coefficient minimum pour les maths au bac) !
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21 juin 2008 6 21 /06 /juin /2008 21:11

Chronique d'un prof n°37 : La clé des champs

     Voilà déjà 3 années que je suis installé dans mon lycée actuel, 3 années qui ont été bien chargées. La dernière m'a particulièrement pesé sur le moral et il a été difficile d'arriver au bout. Miné par les déceptions du métier j'ai un peu délaissé ma vie sociale histoire de ne pas avoir l'air d'étaler mes tracas quotidiens aux yeux de tous. J'ai fait l'autruche car je me sentais un peu submergé par toutes ces déconvenues. Je m'étais cependant fait à l'idée que je resterais encore un an de plus au moins dans cet établissement qui m'a à la fois tant pris et tant donné. Je me voyais déjà en train de dépenser une énergie folle dans des tonnes de projets envisagés au sein de mon établissement. J'étais donc plus ou moins prêt à affronter des classes avec 50% de redoublants.

     Puis mercredi soir, il s'est produit un truc que je n'imaginais pas possible . Cela faisait des mois que je comptais sur le bout des doigts les points qui me manquait pour espérer avoir une mutation. Je  l'avais tout de même demandée pour ne pas regretter ensuite. Je croyais qu'il me manquait 6 points au minimum. C'est alors que j'ai reçu un mail du syndicat m'annonçant : "vous avez obtenu une mutation correspondant à votre voeux n°4" ! J'ai mis du temps à réaliser, je continuais de compter mes points, je lisais et relisais le mail encore et encore. Avant de sauter de joie j'ai tout de même attendu qu'une information plus officielle me soit communiquée. Elle est arrivée 24h plus tard. Je prends donc la clé des champs, je change d'horizon à la rentrée prochaine, pour recommencer un bout de chemin ailleurs.

    C'est vendredi que j'ai réalisé complètement la chance que j'avais, en surveillant l'épreuve anticipée de français du BAC STG : la surveillance n'a pas été de tout repos. Certains candidats s'échangeaient du matériel, une autre a utilisé son propre brouillon. Il a fallu relire le brouillon pour vérifier qu'il ne s'agissait pas d'un document personnel. Réaction à voix haute de la candidate : "Pfff ! N'importe quoi j'te jure" Il a donc fallu faire un petit sermon en pleine salle d'examen. Une autre candidate a utilisé du brouillon de deux couleurs différentes en nous maintenant mordicus que les feuilles étaient toutes sur sa table au début de l'épreuve. Il a donc fallu lire les fameux brouillons pour voir qu'il ne s'agissait pas de deux écritures différentes (là je suis assez expert parce que mes élèves étaient doués à ce genre de jeux dans l'année et je les démasquais toujours). Enfin, pour conclure l'épreuve, une candidate d'une autre salle qui avait terminée avant, rentre dans notre salle, téléphone mp3 avec les écouteurs à la main pour attendre sa copine qui était encore en train de composer. Bref, un festival de n'importe quoi comme j'ai souvent eu l'occasion d'en voir cette année. C'est à ce moment là que je me suis senti vraiment content d'avoir cette mutation.
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12 juin 2008 4 12 /06 /juin /2008 23:05

Chronique d'un prof n°36 : Une commission d'appel... au secours de la bêtise et de l'ignorance

    Comme à chaque fin d'année scolaire certaines familles font appel de la décision du conseil de classe de 2nde du troisième trimestre au cours duquel il a été décidé un redoublement ou une réorientation. Pour certains c'est un peu la dernière chance pour effacer leur manque de travail pendant l'année ! Certains croient réellement qu'un appel accepté effacera toutes les lacunes accumulées pendant l'année. Ces commissions sont empruntes d'une certaine hypocrisie et très souvent c'est l'étalage de mauvaise foi et de bon sentiments de la part des familles ! Mais elles font appel, c'est leur droit.

    Leur dossier passe donc devant la commission d'appel constituée de membres du corps enseignant, de parents d'élèves, de conseillers d'orientation et de personnels de direction. Le prof principal (moi en l'occurrence) est présent pour présenter les dossiers. Dans la commission d'appel qui étudie les cas de mon lycée cette année, il y a une charmante proviseure dont la réflexion ne doit pas égaler le QI d'un poux shooté à l'éther. Je viens juste de signaler les faiblesses de l'élève en maths et en français quand elle m'interpelle, pour me faire part de ce qui lui semble être la découverte de la journée qui va changer la face du monde : "Oui mais monsieur, ce que je constate moi, c'est que cet élève n'a que 2 points en dessous de la moyenne de classe en mathématiques !" Oui en effet la moyenne de classe est 5,5/20 ! Un petit rire nerveux se fait alors entendre, tout de suite foudroyé par le regard de braise de l'auteur de la phrase en direction du fauteur de trouble. Là je me liquéfie sur place et je sais déjà que l'élève qui fait appel obtiendra gain de cause, étant donnée toute l'énergie que cette dame a dépensée pour justifier l'injustifiable et me faire passer pour le méchant de service.

    Cette histoire pourrait sembler anodine mais elle a de nombreuses conséquences dont cette Miss Tatcher du dimanche ne semble pas mesurer l'importance. Tout d'abord pour l'élève : il va passer en première, avec ses lacunes en maths et en français, sera insuffisamment préparé pour l'épreuve anticipée de français et accumulera du retard dans les nouvelles matières enseignées en première STG parce qu'il ne maîtrise pas les bases du français pour comprendre et analyser un document correctement. Il va probablement (sauf miracle) échouer une première fois au BAC, et peut-être même une deuxième fois. Scénario pessimiste mais très réaliste malheureusement. Ensuite pour l'équipe éducative : l'action des enseignants est complètement décrédibilisée et les profs passent pour 100% responsables de l'échec d'un élève, la décision du conseil de classe n'a plus aucune valeur, l'appel venant casser cette décision prise par des hurluberlus qui ne mettent pas de bonnes notes à des cancres !
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15 mai 2008 4 15 /05 /mai /2008 18:28

Chronique d'un prof n°35 : Une grève sous la pluie !

    La pluie n'a pas empêché les profs et les élèves de manifester contre les suppressions de postes dans l'éducation nationale. Selon mes collègues les plus aguerris, il y aurait eu aujourd'hui environ 10 000 personnes dans le cortège des manifestants. Cette manifestation était donc assez suivie mais également très dynamique. Heureusement qu'il y a de jeunes lycéens pour donner un peu de peps aux manifestations pépère de la fonction publique. Ils ont d'ailleurs beaucoup d'imagination pour la création de slogans et les retiennent mieux que leur cours. En voici quelques uns entendus au hasard de la manif ou lus sur quelques pancartes :
    Un classique (scandé) mais toujours aussi drôle : "Darcos, si tu savais, tes réformes, tes réformes, Darcos, si tu savais, tes réformes, où on se les met ! Au cul, au cul, aucune hésitation !" (il y a une variante avec négociation à la place d'hésitation).
    Sur l'air de Petit Navire : "Il était un premier ministre, il était un premier ministre, qui n'avait ja ja jamais gouverné, qui n'avait ja ja jamais gouverné ohé ohé".
    Lu sur une pancarte : "Je sé ni lir ni aicrir et cé la fote o gouvairneuman !" (je ne suis pas certain de l'orthographe exact) !

    Et celui-là c'est mon préféré : "Carla on est tous comme toi, on se fait baiser par un chef d'Etat".
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19 mars 2008 3 19 /03 /mars /2008 22:49

Chronique d'un prof n°34 : Un prof ça sert à quoi ?

    Voilà presque trois ans que je survis tant bien que mal au sein de mon lycée de la banlieue lyonnaise. Le temps commence à se faire long et je me demande toujours à quoi je sers au milieu de ce machin. Enseigner ? Certainement pas, je crois que c'est le truc le plus improbable que je dois avoir à faire là-dedans : quand à la question "donnez-moi 3 lettres" un élève vous répond 36, vous vous demandez sérieusement si vous êtes si mauvais que ça pour enseigner. Eduquer ? Pas mieux je pense, face à des élèves avachis sur leur chaise, incapables de dire bonjour ou merci, ou de lever la main avant de parler vous vous dîtes que les collègues des années précédentes ont échoué dans cette mission et qu'ils ne sont pas meilleurs que vous !

    Non, pour les élèves les profs n'ont pas la fonction première d'enseigner une matière, c'est seulement accessoire. En revanche un prof à bien d'autres fonctions qui font de lui quelqu'un d'hyper-polyvalent :

    1. Le prof est une trousse ou un cartable (plein bien sûr) : avant les élèves qui n'avaient pas leur matériel se faisaient virer de cours et tout le monde trouvait ça tout à fait normal : qui peut suivre un cours de maths dans de bonnes conditions sans calculatrice, sans manuel, sans stylo et sans matériel de géométrie ? Maintenant ce n'est pas un motif suffisant pour virer un élève, il est dans son bon droit s'il vient en cours sans son matériel et c'est presque un crime de le virer pour ce motif (les CPE vous le dirons). Du coup il n'est plus inhabituel d'entendre des questions comme "Monsieur, vous me prêtez votre compas ?" ou "Monsieur, vous avez une calculatrice ?" Je crois que je n'ai jamais autant dit non que cette année. Mais les élèves ne comprennent pas et trouve cela injuste ou choquant pour la morale que le prof n'ait pas une quinzaine de calculatrices ou une douzaine d'équerres dans leur sac.

    2. Le prof est une cible : J'avais déjà dû parler de cette boulette de papier mâché qui m'avait frolé de trente cm il y a deux et envoyée par un élève de BTS. Cet incident a apparemment fait des émules : depuis un prof a évité de peu un oeuf dans le dos et une collègue s'est récemment pris un bout de gomme dans le dos. Décidémment les élèves prennent de plus en plus le cours pour une fête forraine et les profs pour les boîtes de conserve du jeu de massacre. Peut-être espèrent-ils décrocher des bonnes notes aussi facilement qu'une peluche !

    3. Le prof est un agenda : "Mais monsieur, vous auriez dû me le redire qu'il y avait un DM à rendre pour aujourd'hui, moi j'ai oublié" Voilà ce qu'un élève a osé me répondre quand je lui ai dit que je n'acceptais pas les retards pour les devoirs à rendre. Apparemment il faut aussi leur rappeler qu'ils ont un rendez-vous avec les conseillers d'orientation, sinon quandils oublient les conseillers viennent se plaindre auprès de vous plutôt que de convoquer les élèves dans leur bureau.

    4. Le prof est un punching ball verbal : La plupart des élèves savent encore qu'il est déplacé de taper sur un prof et qu'ils risquent gros à le faire. Alors ils se défoulent verbalement car ils sont conscients que le manque de repsect à un professeur reste encore très peu sanctionné (quelques heures de retenue, un ou deux jours de vacances accompagnés d'une visite de courtoisie chez le proviseur ce qui n'a rien de très dramatique). Du coup vous vous entendez dire : "C'est moi qui aurait le dernier mot vous avez tort" ou "Allez vous faire interner, vous entendez des voix j'ai pas parlé !" Oui nous avons tous du sang de Jeanne d'Arc dans les veines.

    5. Le prof est un emmerdeur : "Ouais mais les fonctionnaires ce sont des gens qui font que tu as les nerfs !" m'a sorti un élève à la fin du cours cette semaine. C'est vrai que c'est vraiment emmerder le monde que de demander à un élève d'enlever ses écouteurs sur les oreilles et d'éteindre son téléphone. Mais pour toutes les raisons que j'ai évoquées ci-dessus, je commence à me demander sérieusement si mes élèves ne sont pas pour beaucoup des "fonctionnaires" eux aussi !
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16 février 2008 6 16 /02 /février /2008 18:13

Chronique d'un prof n°33 : Blogs d'élèves !

     Comme vous l'avez certainement remarqué, cela fait quelques semaines déjà que j'ai déserté mon blog. J'étais très occupé certes mais il y a une autre raison, je m'amusais à parcourir les blogs de mes élèves, et j'avoue que c'est très distrayant comme activité. Les élèves de ma classe de seconde ont tous ou presque un blog perso quelque part dans l'univers Skyblog. Oui, il ne choisissent pas n'importe quoi comme blog, la crême de la médiocrité, Skyblog, le top des blogs visuellement les plus crades. Pour ceux qui ne connaissent pas, il suffit de prendre un blog au hasard sur la toile skyblog pour se rendre compte de l'ampleur du désastre. Mais revenons aux blogs perso de mes élèves qui sont très fidèles à l'esprit Skyblog (ils donnent la migraine).

     Tout d'abord, la recette pour trouver un blog. C'est tout un art que je suis encore loin de maîtriser. C'est un collègue du lycée qui me l'a enseignée. La première étape, la plus dure, consiste à recupérer l'adresse du blog d'un élève directement à la source. Opération délicate pour laquelle il faut être rusé. De nombreuses techniques existent. On peut demander l'information directement à un élève, mais l'opération n'est que rarement couronnée de succès. En effet, bien qu'un blog perso soit public, les élèves n'aiment pas qu'un oeil adulte vienne décortiquer etjuger leur blog. Il faut donc faire preuve d'astuce. Une ruse classique mais efficace consiste alors à aller dire à X que Y a balancé l'adresse de son blog, que vous l'avez lu et que vous vous êtes bien marrés. X devient rouge de honte et dans l'idée de se venger, sans même prendre le temps de vérifier l'information, se jette sur une feuille de papier et vous écrit l'adresse du blog de Y. Le plus dur est fait. En effet, avec le blog de Y, vous retrouvez l'adresse de celui de X (que vous n'aviez pas) mais aussi celui de tous ses amis qui sont placés là, à la vue de tous, derrière un lien hypertexte rose fluo. Il ne vous reste plus qu'à jouer du clic droit pour mettre en favoris tous les liens qui vous intéressent.

     Ensuite, que trouve-t-on dans ces blogs ? Personnellement je m'attendais à y trouver des commentaires croustillants sur les profs, des photos volées voire des videos compomettantes. De ce point de vue je suis très déçu, rien de rien, j'ai beau fouiller, je n'ai rien trouvé de très méchant sur les profs, seulement quelques allusions anodine au lycée de temps en temps, comme cette petite phrase : "Chey pas tOi maiis mOi les cOurs ça me passe au-dessus des cheveux !" Parfois c'est plus agressif : "grave nik lecol wallah mdrrrrr surtou ceu de francais tmtc" (pour les néophytes comme moi tmtc signifierait toi-même tu sais). En parlant de français, je crois avoir identifié la prof de français qui malheureusement récupère le titre de "c'te vieille" alors qu'elle est encore assez loin de la retraite. A ce niveau je suis verni je n'ai pas vu de référence à mon propos.

     Donc peu d'éléments sur les profs, la légende urbaine de la poupée vaudou à l'effigie du prof cachée sous l'oreiller de l'élève s'estompe peu à peu. Ce n'est pas la raison d'être de ces blogs. En revanche, quelle couche de narcissisme peut-on y voir et y lire ! Beaucoup de paillettes, de récits sur les amourettes et de photos ! Je suis d'ailleurs ravi de constater que les handicappés de la calculatrice en cours de maths deviennent de véritables maestros de Photoshop le soir devant leur écran d'ordinateur ! On nage en plein mythe de Dr Jekyll et Mr Hyde. De magnifiques photos ornent les skyblogs mais aussi de magnifiques animations gif réalisées à partir de montages photo. De manière générale ça reste très kitch et d'un goût souvent douteux comme cet élève qui montre son dos musclé devant des appareils de musculation ou cet autre élève qui se prend en photo sur le trajet de ses vacances. Je suis sûr que j'aurai encore plein de trucs intéressants à raconter après une lecture plus approfondie de ces petites merveilles. Donc à une prochaine fois pour la suite.
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13 janvier 2008 7 13 /01 /janvier /2008 20:52

Chronique d'un prof n°32 : Qu'est-ce qu'il dit ?

Karma police, arrest this man
He talks in maths
He buzzes like a fridge
He's like a detuned radio
Radiohead, Karma Police (1997)

    Une fois n'est pas coutume, je commence en musique avec ce premier couplet d'une très célèbre chanson du groupe Radiohead. Dans les meilleurs jours c'est un peu comme ça que mes élèves doivent me percevoir : ce que je raconte est un bruit de fond comme le bourdonnement d'un réfrigérateur ou un son inaudible comme les parasites d'une radio mal réglée. Personne ou presque ne m'écoute, je pourrais très bien chanter des chansons de Madonna ou de Chantal Goya sans qu'il s'en rende compte. Il continuerait à copier et copier ce que je raconte sans comprendre la moindre syllabe. J'imagine déjà la stupéfaction et le courroux dans le regard de l'inspectrice qui lirait qu'un lapin a tué un chasseur ou que Bécassine est une cousine de mes élèves. Aurais-je une prime au mérite pour avoir fait redécouvrir ces grands classiques de la culture enfantine à mes élèves ? Ne rêvons pas je crois.

    Plus sérieusement, ce début d'année 2008 a été très mouvementé, mes élèves de seconde n'avaient pas fait leur travail. A cela rien de bien nouveau, mais en plus ils avaient rechargé leurs batteries si bien que les punitions, les heures de retenue et les exclusions de cours ont déjà fleuri en ce début janvier dans toutes les matières. Il a donc fallu maîtriser tant bien que mal cette énergie débordante, remplir des rapports d'incidents et organiser une réunion avec les parents d'élèves pour parler des problèmes de la classe à laquelle ont assisté seulement les parents des petits anges et pas ceux des petits démons. Que de claques prises en une semaine. Courage LeFlo, plus que 4 semaines et 5 jours avant les prochaines vacances.
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6 décembre 2007 4 06 /12 /décembre /2007 21:32

Chronique d'un prof n°31 : Un prof de maths victime d'une Bernoulli

    Mon dieu, presque 2 mois déjà, Géraldine m'a encore écrit et je n'ai même pas bougé le petit doigt pour écrire le moindre article. Remarquez je ne suis pas le plus en retard puisque cela fait des mois qu'over-blog nous parle de la version V2 et pourtant elle n'est toujours pas là. Tout ça pour dire que je n'ai pas blogué depuis longtemps, c'est vrai et je m'en excuse pour tous ceux qui osent venir ici dans l'espoir de lire quelques nouvelles. Oui, j'ai été très occupé, mais je n'avais pas l'envie de venir raconter ici tous les petits tracas de la vie quotidiennes pour écrire 1001 articles identiques au précédent qui n'était pas très optimiste, je l'avoue.
   
    La situation ne s'améliore guère, je continue ma petite vie dans l'un des 50 derniers lycées de France selon le classement de l'Express, avec des élèves sans motivation et un recteur d'académie sarkozyste qui se permet de nous dénigrer avec des phrases choc. Sympa d'être soutenu quand on ressent un sentiment d'impuissance grandissant face à cette misère culturelle. Bref, je fais comme les élèves qui barrent les jours qui leur reste jusqu'aux prochaines grandes vacances, sauf que moi ce sont les années que je compte pour espérer avoir assez de points et demander ma mutation. Voilà pour les nouvelles.

    Sinon en ce moment, je cumule les petites merdouilles, je soupçonne un Coco rennais de m'avoir transmis son addiction pour les bourdes. On passera sur les erreurs des incompétents de chargé clientèle de ma nouvelle agence bancaire qui n'ont pas fait les modifs comme il faut et qui m'ont résilié des trucs sans me le dire, on passera sur ma fâcheuse tendance à me cogner dans tout ce qui se trouve dans mon environnement proche, ou encore ma soudaine prise de conscience que mes remboursements de sécu se faisaient sur un compte bancaire qui n'existait plus.

    On en viendra donc au plus drôle mais aussi au plus chiant, la voiture Bernoulli ! Oui la voiture Bernoulli est une petite Peugeot 106 blanche qui a la mauvaise habitude de se comporter comme une variable aléatoire suivant une loi de Bernoulli. Mais en quoi est-ce une voiture de Bernoulli, me direz-vous ? Eh bien elle démarre ou elle ne démarre pas (le succès étant le démarrage bien sûr)... Oui sur le papier c'est très drôle, mais ça l'est moins quand vous l'amenez chez le garagiste et qu'il vous appelle pour vous dire qu'il n'a rien trouvé. Sur le coup vous êtes content, vous vous dites "ouf c'est pas le démarreur, ça coûtera rien", mais quand vous l'amenez une deuxième fois parce qu'elle ne démarre toujours pas et qu'une fois de plus il vous dit qu'elle démarre bien, là vous souriez moins quand vous admirez l'expression dubitative du garagiste qui donne l'impression de vous reprocher de lui faire perdre son temps. Donc j'ai récupéré ma voiture, sans connaître l'origine de la panne. Demain matin je serai donc soumis à la loi de Bernoulli de ma 106 qui démarrera... ou pas... Et comble de l'ironie, j'irai faire mon cours de proba à mes BTS... ou pas.
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6 octobre 2007 6 06 /10 /octobre /2007 19:42

Chronique d'un prof n°30 : Un vendredi ordinaire dans la vie du prof LeFlo

    Il est 07h35, LeFlo arrive au lycée, il est un peu en avance pour faire quelques photocopies de dernière minute. Sur le chemin de la salle sombre et exiguë où dorment les photocopieurs probablement encore éteints, LeFlo croise le CPE en charge de sa classe de seconde. Petit debriefing rapide du jeudi : plusieurs élèves ont été reçus par la direction et/ou le CPE, un avertissement pour l'un, une ou deux heures de colles pour certains et les parents à convoquer pour le dernier. Rien d'extraordinaire, seulement la routine du vendredi.

    Une dizaine de minutes plus tard, LeFlo rentre en salle des profs, salue ses collègues, jette un rapide coup d'oeil au tableau des sanctions ou fleurissent les lettres envoyées au parents suite aux sanctions de la veille. Celles de ses élèves n'y figurent pas encore toutes, mais ils y en a assez pour attirer l'oeil de ses collègues qui se lamentent alors de la situation qui se dégrade de jours en jours dans cette classe. Ils se soutiennent mutuellement avec LeFlo.

    A 07h55 la première sonnerie retentit, on grimpe les marches pour monter à l'étage supérieur. LeFlo ouvre la salle pour que ses premiers élèves prennent place pour un cours de proba. LeFlo fait face à sa première petite déception de la journée, les élèves de seconde qu'il a collés ne sont pas présents. Le cours se passe sans problème, l'ambiance est plutôt décontractée, les élèves participent. Un élève d'une autre classe du Flo vient rattraper un devoir qu'il a manqué en début de semaine. Avec cette classe l'ambiance est toujours bonne, donc pas de mauvaise surprise aujourd'hui.

    10h10, la récréation est déjà finie, un quart d'heure ça passe vite, même pas le temps de prendre un café. LeFlo repart pour le cours suivant, deux heures également. Ca devient moins drôle, il y a une dizaine d'absents, un retardataire baratine une excuse bidon pour entrer en cours, LeFlo accepte un peu malgré lui mais lui signale qu'il vérifiera son alibi (qui se révèlera faux bien sûr). Le cours est un peu tendu, quelques élèves sont mécontents qu'il n'y ait qu'un seul devoir sur table pour ce chapitre qui leur paraît si long ! Mais LeFlo ne peut faire autrement, il n'y a que trop peu d'heures de cours pour les sacrifier à faire plus d'un devoir surveillé par chapitre. L'un d'entre eux proteste davantage, devant le refus du Flo d'augmenter le nombre de devoirs sur table, il se vexe, range ses affaires et parcourt des yeux les cartes géographiques de son agenda au lieu de prendre le cours en note. Il fera de même lorsque LeFlo lui distribuera sa feuille de TD. Quand LeFlo lui demande de se remettre enfin au travail, il obtient en guise de réponse : "Y a pas assez de DS, comme je sais que je vais me payer une taule, je vois pas pourquoi je gratterai comme un chien pendant une heure" Exclusion de cours, LeFlo y va fort mais c'est nécessaire !

    La matinée est enfin terminée, quelques minutes de répit avec un bon repas en perspective à la cantine (on a un très bon chef cuisto) et un peu de réconfort auprès des collègues avant d'affronter le moment culminant de la semaine : le cours de maths du vendredi aprem avec les secondes. Aujourd'hui, 13h00, c'est l'élection des délégués. Quatre élèves sont candidats, c'est pas mal. Petite angoisse, le coq de la bassecour qui pose problème à plusieurs collègues se présente comme candidat. Pour situer le personnage, si la loi de Murphy n'existait pas il faudrait l'inventer rien que pour les gens qui se trouvent dans son environnement proche ! Petite satisfaction, le terrible n'est pas dans le duo de tête. Personne n'ayant eu la majorité absolue, le deuxième tour s'annonce donc de bon augure pour qu'il ne soit pas élu. Oui mais voilà, les girouettes ne sont pas que sur les toits des jolies maisons de campagne et le terrible se retrouve élu ! Nouvelle déception pour LeFlo qui s'y attendait cependant !

    Le cours commence enfin, LeFlo est obligé de casser une élève pour qu'elle se mette à bouder et qu'elle ne bavarde plus ! Le délégué fraîchement élu mord sa voisine sur la joue, se fait remarquer plusieurs fois et se fait finalement exclure de cours. Deux exclusions de cours dans la même journée, je ne sais pas si c'est un record mais c'est une sacrée performance qu'on aimerait ne pas renouveler trop souvent. Le cours se termine, c'était le dernier, Ouf !

    Il est 15h00 et la journée n'est pas encore terminée, il faut faire le debriefing de la journée avec le CPE, rédiger les rapports d'incident, convoquer une maman pour un rendez-vous la semaine prochaine... On arrive à 17h00, LeFlo est épuisé et s'effondre de fatigue devant son ordi en lisant ses mails. Il reste moins de 24 heures avant que LeFlo corrige les copies de 1ère STG et qu'il découvre les quelques perles qu'elles renferment : saviez-vous qu'il n'y a pas moins de 160 millions d'habitants âgés de 20 à 39 ans en région Rhône-Alpes ???
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Published by LeFlo - dans LeFlo et son métier de prof
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