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8 novembre 2005 2 08 /11 /novembre /2005 00:00
    Vendredi dernier, dans le cadre d'une réunion administrative visant à nous présenter le rôle des assistants pédagogiques (emplois précaires créés en catimini par nos ministres actuels pendant l'été 2005), j'ai rencontré pour la premières fois les inspecteurs d'autres matières que les mathématiques.

    Le personnage qui a le plus marqué l'assemblée ce jour-là est sans doute l'inspecteur de lettres : un homme d'une élégance extrême, à l'image de son mépris pour les profs que laissait transparaître le verbiage intellectuellement recherché qu'il employait avec tant d'aisance. Ce monsieur pourrait sans problème figurer dans le guiness book des records tant il a été rapide à se faire détester. Dix petites secondes ont suffi : à l'absence des professeurs de français lors de la réunion plénière il a déclaré que c'était "emblématique" ! Ce qu'il faut savoir, c'est que le matin même ce monsieur avait été particulièrement odieux avec les professeurs et l'assistant pédagogique. Les professeurs de français avaient donc décidé de boycotter la réunion de l'après-midi pour protester contre le comportement de l'inspecteur... Situation qu'il a donc maladroitement essayé de reprendre à son avantage.

    Mais ce monsieur a également impressioné par sa culture rayonnante. Même lorsqu'il parle du brouillon des élèves il ne peut empêcher ses talents de poètes de s'exprimer : "Il faut proscrire les brouillons qui se brouillent ou, selon la formule de Rabelais, les torche-culs chez nos élèves". il a volontairement occulté le caractère pédagogique de l'erreur chez l'élève en soulignant que mettre l'élève face à son erreur donnait de lui une "image négative et inhibitrice des progrès". Ce serait comme "demander à une coquette de se regarder dans un miroir après que sa teinture a été râtée". Tout au long de son discours, il nous a par ailleurs martelé qu'il avait en horreur la langue de bois tout en la maîtrisant avec excellence... Quel personne délicieuse !

    Sur certains points de vue il faut reconnaître que cet inspecteur a parfaitement raison, mais sur la formulation il faut qu'il revoie son argumentation. Ainsi, grâce à cet homme nous savons désormais que le "consumérisme scolaire" est une chose dangereuse. Cette expression a fait cogiter la plupart de mes voisins de réunions ainsi que moi-même, jusqu'à ce qu'il explique que par consumérisme il désignait en fait le bachotage. "Le lycée doit être le vecteur du bonheur personnel d'un élève et le danger du bachotage en est que la voie du bonheur en est bouchée". Cet inspecteur se prononce pour le soutien scolaire le mercredi après-midi car dans le cadre d'une cité de banlieue "l'environnement du lycée est un environnement déontologiquement meilleur que son environnement habituel" ! Et après on nous dira que les banlieues ne sont pas stigmatisées !
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4 octobre 2005 2 04 /10 /octobre /2005 00:00
   Aujourd'hui c'était la grande grève pour manifester contre la loi Robien, pour le retrait de la loi Fillon, pour la défense du pouvoir d'achat et contre les emplois précaires dans l'éducation nationale entre autre. Je suis donc allé manifester. La grêve a été visiblement bien suivie par de nombreux collègues. Le cortège était assez allongé et dense. Ce qui est assez hallucinant dans ces grèves nationales ce sont les gens qui débarquent de leur planète et découvrent le jour J qu'il y a une grève.

    Faut dire qu'on était aux premières loges pour recueillir les impressions de la foule : on s'était donné rendez-vous à côté d'une bouche de métro... fermée puisque le métro fonctionnait à 0%. Une première personne s'est donc approchée de la bouche de métro. Visiblement étudiante, la jeune femme était désespérée, ne sachant comment faire pour se rendre à Bron (nous étions à Saxe-Gambetta). Mais surtout, sa première réaction a été : "Mais y a une grève aujourd'hui ?" nous demande-t-elle en apercevant tout à coup la banderole que nous tenions pliée parmi nous. Non, regarde ma cocotte, il y a des drapeaux de syndicats partout, des bouchons dans toutes les rues, des flics à tous les coins de rue, le métro est fermé, et une horde de gens accompagnés par des haut-parleurs scande des slogans contre le gouvernement actuel... Mais ce n'est pas une grève, on fait une petite randonnée entre fonctionnaires et on invite les gens du privé à nous rejoindre aussi :-)

    Une deuxième jeune femme s'approche, mèches violettes, jeans baggy et nez percé. Elle remarque innocemment que le métro est fermé. Alors elle se renseigne un peu sur ce qui se passe.On répond à ses questions sur la grève. "Et ça va durer longtemps ?" demande-t-elle ensuite. Là on lui dit au moins toute la journée. L'air pensif, elle lève soudainement les yeux aux ciel, réfléchit bien 10 secondes, puis nous regarde à nouveau et balance en colère tout à coup :"OH ILS FONT CHIER AVEC LEURS GREVES !!!" et s'en va :-)

    Bienvenu(es) dans le monde réel mes frères :-)
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3 octobre 2005 1 03 /10 /octobre /2005 00:00
    La rentrée n'est maintenant plus qu'un souvenir, les cours bien avancés dans toutes mes classes et les copies commencent à tomber. Pour commencer en douceur et me laisser le temps d'évaluer le niveau de mes classes et d'adapter mon niveau d'exigence, j'ai décidé de donner des DM. Je dois dire que je ne m'attendais pas à être aussi surpris du résultat.

    D'un côté, les copies des premières STG. Je m'attendais à un massacre, des copies mal rédigées, des ratures, des erreurs farfelues, bref je m'attendais au pire daprès ce que j'avais entendu depuis la rentrée sur les élèves de STG. Et bien j'avais tort, la grande majorité des copies étaient impeccablement bien présentées et bien rédigées, avec peu de fautes d'orthographe. Un vrai régal et un gain de temps énorme pour la correction. Je leur tire mon chapeau.

    De l'autre côté, les copies des BTS deuxième année. Des 2A j'attendais à ce qui connaissent déjà un minimum des exigences de rédaction d'une copie de maths. Rédiger un calcul, une petite démonstration me paraissait un objectif raisonnable. Mais j'étais bien loin de la vérité. Ratures, calculs non justifiés, montagnes de blanc correcteur. Ils m'ont rendu de vraies feuilles de brouillon. J'ai halluciné. Cet après-midi c'était encore plus amusant : les élèves guettaient mon absence de la salle des profs pour faire déposer leur copie rendue en retard dans mon casier. Tellement ils avaient honte de leur copie ils jouaient à cache-cache pour éviter de me rendre leur copie en face. Il faut dire qu'ils étaient 7 ou 8 à ne pas m'avoir rendu leur copie le jour J et que j'avais déjà exprimé mon mécontentement. Ce soir il me manquait encore 5 copies. La dernière copie que j'ai eue était une demi-copie double pliée en deux avec deux demi-questions et un nom d'élève marqué dessus. Je crois que c'était vraiment le concours de la copie la plus sale :) Du jamais vu. J'attends la suite avec impatience !

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12 septembre 2005 1 12 /09 /septembre /2005 00:00
    Maintenant chez les jeunes le portable est devenu quelque chose de vital ! C'est un peu comme une deuxième peau pour eux. Je m'en étais déjà rendu compte l'an passé, mais cette année, au lycée, c'est le pompon !!! C'est pire que le doudou de Steevy dans le Loft. Ils l'ont en permanence sur eux, malgré l'interdiction au règlement.

    Prenons ma première heure de cours en première : le créneau faisait deux heures, donc quoi de plus normal que de commencer le cours immédiatement. Bien sûr beaucoup n'avaient pas de claculatrices. Tout à coup j'en prends un à tapoter sur son portable. Croyant qu'il s'adonnait aux sms, je me précipite. Mais fausse alerte : la fonction du mobile utilisée alors était la calculatrice... Je ne m'afolle pas et lui rappelle le point du règlement concernant les portables en lui signalant que je préfèrerais voir des calculatrices 4 fonctions  à 1 euros plutôt que des portables allumés pendant mon cours. Sur ce je me retourne, et là ô surprise il n'était pas le seul : 10 autres tapotaient frénétiquement sur leur clavier minuscule pour répondre aux questions de l'énoncé. Sans commentaires.

    La même semaine, j'étais de surveillance pour le BAC session de septembre. Quatre élèves à surveiller à deux, c'était facile. Tout se passe bien, quand tout à coup, 15 minutes avant la fin, un "Bvvvvvv... Bvvvvvv " se fait entendre parmi les candidats. Là, sans aucune gène, un candidat sort son portable de sa trousse et l'éteint. On le regarde de travers (faire un rapport à 15 minutes de la fin on allait pas oser tout de même), et il continue à composer. Et à nouveau "Bvvvv.... Bvvvv" Là on s'agite un peu, il l'éteint complètement, ma collègue lui passe un savon en fin d'épreuve. Pour sa défense il a argumenté que le portable lui servait de montre... Rien d'autre... Bref montre et calculatrice, bientôt ça fera stylo, effaceur et outils de géométrie pendant qu'on y est !!!

    En racontant cette anecdote à nos collègues on s'est aperçu que ce n'était pas la plus insolite. En effet quoi de plus insolite que ce candidat lors d'une épreuve du BAC pour qui le portable a sonné en pleine épreuve et qui a demandé à l'examinateur : "Vous pourriez décrocher et dire que j'arrive bientôt ?" Ou alors cette candidate qui lorsque son téléphone sonne en pleine épreuve, s'excuse platement du dérangement, se lève, sort de la salle en courant et décroche... Magnifique notre jeunesse d'aujourd'hui mais surtout compètement ailleurs :p
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11 septembre 2005 7 11 /09 /septembre /2005 00:00
    Voilà c'est fait, depuis une semaine j'ai troqué mes chers bambins de cinquième de l'an passé contre quelques dizaines de lycéens et d'étudiants en BTS. Ca fait drôle de passer d'un groupe d'élèves qui ont la moitié de votre âge à des élèves dont les plus vieux on 3 ans de moins que vous. Le cadre n'est pas le même non plus, les tours de béton défraichi ont remplacé les maisonettes bourgeoises et arborées de l'an passé, dépaysement garanti !

    J'ai donc enfin découvert mon nouvel établissement, son équipe de direction et mes nouveaux collègues, ses élèves. L'équipe de direction en action m'a laissé une bonne impression, aussi bonne que ma première impression. Il ne faut surtout pas se fier aux pseudonymes de Madame la proviseure : "la brave dame" sait se faire respecter et craindre des élèves. C'est sûr que ça va changer du Boso de l'an passé qui n'avait aucune notion d'autorité ou d'encadrement des élèves. Les collègues du lycée m'ont paru très accueillants et plutôt jeunes dans l'ensemble, beaucoup de nouveaux arrivants, ce qui devrait favoriser une bonne entente je pense.

    Pour ce qui est des élèves, on est loin de la population présente dans l'imagination du lyonnais moyen de base. Le manque de respect n'a pas été à l'ordre du jour de cette première semaine de cours. Tant mieux, il faudra veiller au grain pour que ça reste ainsi. L'ambiance générale m'a en tout cas bien plu et m'a largement motivé à travailler et j'ai hâte de raconter la suite...
 
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12 juillet 2005 2 12 /07 /juillet /2005 00:00
    C'est la fin de ma première année scolaire en tant que prof. Snif ! C'est fini ! Je suis sûr que cette année va me marquer pour longtemps et que je ne suis pas près de l'oublier. Pour le dernier cours, les élèves avait écrit et signé une lettre pour chaque professeur de la classe. C'est l'occasion pour certains de faire des promesses et de prendre de bonnes résolutions pour septembre : "Je vous promets je ferai des progrès" ! C'est tellement attendrissant qu'on se sent obligé d'y croire (au moins 5 minutes le temps de se cacher pour sourire). D'autres vous remercient chaleureusement pour cette année merveilleuse qu'ils ont passée en votre compagnie (comme toute les années avec tous les profs de maths) : "Très bonne année de maths avec vous". C'est à cette occasion qu'il est rigolo de lire ce qu'écrivent les plus timides qui vous ont fuit du regard toute l'année : "Merci de m'avoir mis à l'avant, je vous compends quand vous criez" ! C'était mignon.

    Une élève qui savait que je partais en Lycée est venue me demander ce que je pensais de l'enseignement au collège après mon année dans cette classe. Je lui ai répondu très honnêtement que j'avais l'impression d'avoir fait de la garderie plutôt que d'enseigner les maths. L'élève a souris en ajoutant : "C'est bien c'que je pensais !". C'est vrai qu'au milieu des gommes qui volent, des petits mots doux qui circulent, des débuts de bagarres, des oublis de manuels scolaires, des dégradations de matériel (minimes heureusement dans le collège où j'étais), des doléances des élèves (fait trop chaud, ça brille, poussez-vous je vois rien, j'ai pas de jaune comment je fais pour écrire comme vous) on se demande bien comment un prof de maths trouve le temps de faire des maths. Eh bien il n'en fait pas autant qu'il le souhaiterait sans doute mais c'est le jeu !

    Séquence émotion de cette fin d'année, j'ai découvert mon nouvel établissement, un lycée de l'agglomération lyonnaise. Côté bâtiments, rien de très luxueux puisque le lycée sera reconstruit 200 m plus loin dans 4 ou 5 ans. Côté administration, j'ai eu droit à un bon accueil de la part d'une équipe dynamique et apparemment soudée, impliquée dans l'établissement, ce qui va me changer de l'an passé. Je ne connais pas encore mes classes pour septembre mais ça ne serait tarder. L'attente se terminera bientôt et une nouvelle année commencera alors. Suspens...
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21 juin 2005 2 21 /06 /juin /2005 00:00

    En cette fin d'année de formation, l'IUFM de Lyon demande à ses stagiaires de faire un stage d'immersion de deux jours dans un établissement scolaire d'un autre niveau d'enseignement que le notre. Avec ma co-mémoire nous avons décidé de faire ce stage en école primaire histoire de comparer le métier de professeur de Collège et Lycée avec celui de professeur des Ecoles. Nous voilà donc en immersion dans cette école primaire très accueillante du très bourgeois sixième arrondissement lyonnais. D'entrée de jeu on sait où l'on atterit, les gamins ne portent pas les fringues de leurs grands frères ou de leurs grandes soeurs, elles sont neuves et de grandes marques ! Les gamins ne s'appellent pas Kevin ou Jordan, non ça fait trop populaire, mais Calypso, Clothilde ou Jean d'A. Les particules flottent allègrement entre le prénom et le nom, même si leur origine est parfois contestable. Petite anecdote amusante, lors de notre deuxième journée de stage nous avons croisé une élève lisant le quotidien "20 minutes" accompagnée d'un camarade plongé dans le quotidien "Metro". Cherchaient-ils à imiter Papa et Maman lisant le Figaro ou surveillaient-ils le cours de leurs actions Nintendo ou Microsoft ? Nous ne le saurons probablement jamais.

 

    Nous avons donc commencé notre stage, et ce dans une ambiance de fin d'année scolaire animée par les défis science, les défis lecture, les spectacles et autres kermès. Nous avons assisté à la répétition d'une danse folklorique anglaise où les enfants faisaient des farandoles. Ah ! Là ! Là ! Quel drame pour certains : il fallait tenir la mains d'une fille !!! C'est si délicat qu'un élève n'a pas osé donner sa main à une camarade, il a alors plié sa main dans sa manche et tendu la manche à la fille ! Quelle belle innocence à cet âge !

 

    Innocents mais aussi mignons comme cet élève qui a dit à sa maîtresse : "j'ai mis plein de Pastis sur mon bureau pour ne pas oublier !" (traduction : des post-it) ou un peu tête à claques : "Madame, si on va aux mercredis lyonnais il faudra prévenir la dame de la cantine qu'on mange pas à la cantine jeudi !". Lors de notre première visite les CM2 nous avaient paru sages et adorables. Première question qu'ils m'ont posée : mon prénom, deuxième question : si j'étais marié avec la dame (ma co-mémoire) ! Lors de la deuxième visite, le clou du spectacle était sans doute la préparation du cadeau de la fête des pères. Là, les gamins étaient déjà plus excités, moins attentifs et plus coquins, à l'image de cet élève qui sans m'avoir vu insulte une camarade de connasse, et après m'avoir aperçu désigne une autre de ses camarades comme étant à l'origine de ses paroles : "C'est elle !" Mignon, n'est-ce pas ? Cette activité visait à préparer un cadre photo pour Papa, mais elle a aussi conduit la salle de classe à se transformer en moins de 5 minutes en un carnage innomable : bouts de tissus, pots de colle, chutes de papiers recouvraient presque entièrement le sol et les bureau. Il était environ 16h20 quand enfin la maîtresse leur a dit de tout ranger. Là je me disais que la phase de rangement serait rude mais l'ordre revint aussi vite qu'il avait disparu, on se serait cru dans le Merlin de Disney lors de la scène où les objets se rangent d'un coup de baguette magique... Impressionnant !!!

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5 juin 2005 7 05 /06 /juin /2005 00:00
    Cette année j'ai appris que la dyslexie était un trouble du langage très répandu parmi les adolescents à un tel point qu'on se demande si ce n'est pas le nouveau fléau qui sévit parmi les élèves (de mon temps c'étaient les malformations dentaires corrigées à grands coups d'appareils dentaires immondes). Ah elle a bon dos la dyslexie ! Responsable des mauvais résultats, responsable de l'agitation des élèves en classe, responsable du manque de concentration, responsable de la lenteur des élèves, responsable du manque de compréhension des consignes écrites, etc. Lors d'un stage de formation sur ces troubles, je me suis aperçu que plus des trois quarts de mes élèves présenteraient au moins un des symptômes... C'est dans l'air du temps, les gamins sont tellement innocents qu'ils ne peuvent en rien être responsables de leur inattention, de leur agitation et de leur manque de travail. Non ! Enfin ! C'est la dyslexie !!! Quand un élève lance son carnet dans le dos d'un prof, c'est elle ! Quand un élève ne rédige pas ses réponses, c'est encore elle ! Quand un élève dort sur son bureau à 8h00 du matin, c'est aussi la dyslexie ! combattons ce fléau si cruel ! C'est urgent !

    Pourtant j'ai l'impression qu'on se trompe de cible. Si l'on en crois les parents de nos chères têtes blondes, ce sont de véritables petits anges à la maison. Calmes, serviables, dynamiques, studieux, bref de vrais petits modèles de vertu. Alors là, on ne comprend plus parce qu'il est de plus en plus dur de supporter le comportement décadent des élèves au collège. Donc à mon avis, ce dont souffrent les élèves n'est pas pas la dyslexie, mais la schizophrénie, les troubles de personnalité multiple quoi. Tantôt révolutionnaires quand ils tentent de faire un sitting dans la cour pour portester contre la nouvelle CPE, tantôt en larmes parce que le voisin en classe a griffonné sur leur cahier. C'est bien ça ! Ils sont schizophènes. Marmottes le jour et hyper-actifs la nuit, démon le matin et ange le soir, bruyant au déjeuner et silencieux au souper... Il n'y a plus aucun doute.

    Pourtant les parents (encore eux) ont une explication très intéressante à cet écart de comportement entre le foyer familial et l'école : "Les profs sont méchants" a lancé un parent d'élève cette semaine à la suite d'un conseil de discipline. C'est bien connu, tout prof qui se respecte a une collection de poupées vaudou dans son armoire et pique chacun de ses élèves le soir avant de tomber dans les bras de Morphée, histoire de faire de beaux rêves toute la nuit. Et si les élèves sont perturbés c'est pour se rebeller contre cet abus d'autorité et de méchanceté gratuite dont ils sont les victimes. "Le collège est responsable du comportement de mon fils ! Il n'était pas comme ça avant d'être ici !" Intéressant quand on sait que le gamin en question a frappé son insituteur de CM1 en primaire... Donc ne vous affollez pas, je suis malade, au même titre que mes collègues. Et comme eux je mérite la punition qu'un prof mérite : "Vous savez dans mon village les gens se font étrangler ! Eh bien je vous souhaite pire dans la vie !" a encore ajouté notre parent d'élève.

   
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28 mai 2005 6 28 /05 /mai /2005 00:00
    Lors d'un temps mort pendant la surveillance de mon dernier DS, je me suis mis à m'interroger sur les ambitions de mes élèves. L'école leur permet-elle d'avoir des ambitions malgré leur jeune âge ou subissent-ils seulement leur scolarité ? J'ai donc scruté les petites têtes penchées sur leur copie et fait appel à quelques uns de mes souvenirs de cette année scolaire en espérant avoir quelques éléments de réponse.

    Il est clair que pour la plupart le but premier est de jouer les cigales toute leur vie, comme pour cet élève que j'ai surpris avachi sur son sujet en train de griffonner je ne sais quoi. C'est ce même élève qui en début d'année m'avait interpelé pour me dire que plus tard il serait prof comme moi. "Oui monsieur, c'est bien d'être prof on a beaucoup de vacances et on fait pas beaucoup d'heures par semaine !" Là je lui avais expliqué gentiment qu'être prof c'était aussi préparer des cours, corriger des copies, assister aux conseils de classes et à des réunions diverses. Sur quoi il m'avait répondu : "Ah oui ? Finalement je trouve que je suis bien là le derrière assis sur ma chaise à vous écouter !" Oui en effet beaucoup d'élèves sont de purs partisans du mondre effort. En début de semaine, lorsque je donnais les devoirs pour la prochaine fois une élève a soupiré à l'annonce du premier exercice, et, à l'annonce du deuxième, a lancé sans complexe : "Oh là là ! Monsieur ! Non ! Je suis flemmarde moi !!!" Sans commentaire... Dans le même genre, un élève m'a demandé un jour si je ne voulais pas copier le cours à sa place.

    Tant que cette flemme n'est ni contagieuse ni néfaste pour la communauté, on ferme de temps en temps un peu les yeux pour avancer le cours. Mais les élèves profitent parfois de ces temps de flanerie pour taquiner leurs camarades ou mieux pour jouer au plus con avec le prof. Combien de personnes ai-je prises cette années à écrire des mots à leur amoureux(se) sans que l'on ne me dise "Ah non monsieur je n'écris pas de mots !" le stylo dans une main et le bout de papier dans l'autre ? Je ne compte plus mais c'est toujours un régal de lire tout ça à voix haute devant tout le monde. Certains élèves font preuve d'originalité dans ces moments : un élève a un jour avalé le mot qu'il écrivait pour que je ne puisse pas le lire. Ce doit être ce que l'on appelle l'instinct de survie.

    Pour en revenir à la surveillance de mon DS, je me suis rendu compte ce jour-là que les élèves sur lesquels je savais le moins de choses étaient les meilleurs élèves. Comme cette élève assise là au premier rang, déjà brillante et avec une certaine détermination dans le regard. Je l'ai observée deux minutes, elle était là toute petite avec un t-shirt sur lequel j'ai aperçu un joli ours en peluche, le petit détail qui renforce le côté petite fille adorable. Ce que je n'avais pas remarqué d'amblée c'était le couvre-chef du nounours : un joli chapeau de diplômé, mais aussi l'inscription que cachait le bras de l'élève : C... Ca... Cam... Ah d'accord ! Cambridge ! Rien que ça. Est-elle visonnaire ou encore sous l'influence de la sphère parentale ? Je ne le saurai probablement jamais. Mais j'ai ainsi vu la différence qu'il pouvait y avoir entre les élèves qui ne savent pas ce qu'ils feront demain et ceux qui ont déjà une idée (imposée ou non) de leur vie dans dix ou quinze ans.
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22 mai 2005 7 22 /05 /mai /2005 00:00
    L'année scolaire se termine bientôt. C'était ma première année en tant que prof de maths, mon année de stage en iufm pendant laquelle on ma confié une classe de cinquième. Avant septembre 2004 je ne soupçonnais pas tout le potentiel de nos chères têtes blondes du haut de leur 12 années bien tassées. Pourtant ils ont su m'étonner tout au long de l'année et aujourd'hui encore leur comportement en classe va jusqu'à m'intriguer parfois.


    Cette semaine j'en suis même arrivé à me demander si j'avais réellement affaire à des élèves de cinquième ou si l'on ne m'avait pas menti sur leur âge. Quand j'ai surpris un élève en train de colorier les motifs de son protège-cahier, j'ai commencé par sourire. Puis quand il a recommencé je n'ai pu m'empêcher de lui proposer de rejoindre la grande section de maternelle l'an prochain. A ma grande surprise, son cas n'était pas unique : son voisin de devant s'amusait à graver au compas des inscriptions sur son stylo vert. Là je souriais déjà moins. Mais je crois que j'ai fini par me demander quel était réellement mon rôle dans cette classe quand j'ai aperçu un autre élève en train de constituer une ferme miniature avec des bouts de gomme. Un peu de plus et il se mettait à faire meugler sa gomme !

    Il est aussi très difficile d'enseigner les bonnes techniques mathématiques aux élèves, les bons réflexes à avoir en géométrie et en algèbre. Pourtant les réflexes ils n'en manquent pas : transformer les papiers de la fcpe en avion ou en ballon de basket (la corbeille étant le panier) dès qu'on les a distribués, ils savent faire, faire des trous dans les murs ou dans les bureaux ce n'est pas très compliqué non plus. Mais étrangement, lire un papier qu'on leur distribue, il ne savent pas, et utiliser un compas pour sa fonction première (tracer des cercles) s'avère une tâche d'une complexité infinie.

    Certaines règles élémentaires sont donc finalement à connaître du prof novice que je suis. Ne distribuer les papiers de la fcpe qu'en fin de cours pour éviter de transformer le cours en espace aérien improvisé ou en match de basket-ball. Ne pas prononcer le mot zoo devant les élèves, car ce mot suscite chez nos têtes blondes de véritables vocations d'imitateur et votre cours se transforme alors en basse-cour ou en savane africaine.
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